Nausicaa
Elle
Tresse
Le sable de la dune
Avec l'écume de mes rêves,
Mon Enchanteresse.
On partira dès l'aube
Avec nos malles
A malice
A délice
A vice.
Je dormirai dans sa pelisse
Jusqu'au bord de son désir.
"Il est tôt, viens Ulysse"
Elle
Tresse
Le sable de la dune
Avec l'écume de mes rêves,
Mon Enchanteresse.
On partira dès l'aube
Avec nos malles
A malice
A délice
A vice.
Je dormirai dans sa pelisse
Jusqu'au bord de son désir.
"Il est tôt, viens Ulysse"
"Je suis venu comme l'éclair, je disparais comme le vent..."
Ainsi meurt Souhrab. Après avoir livré combat contre son propre père.
"...Et Roustem, en le regardant, connut la crainte. Mais il empoigna Souhrab (celui dont les lèvres étaient pleines de sourires) de toute sa force retrouvée et le secoua terriblement. Et bien que Souhrab lui rendit ses attaques, l'heure de sa défaite était arrivée. Car Roustem le prit par la ceinture, le projeta contre terre et lui brisa le dos comme un roseau. Puis il tira son épée pour lui trancher la tête. Souhrab compris que c'était la fin. Il poussa un grand soupir et dit:
-"Ce qui est arrivé est arrivé par ma faute, et maintenant ma jeunesse sera un sujet de moquerie parmi les hommes. Mais je ne suis pas venu pour chercher une vaine gloire. Je suis venu pour chercher mon père, car ma mère m'avait dit à quels signes je le reconnaitrais, et le désir de le voir m'a couté la vie. Il ne m'a pas été donné de contempler son visage. Pourtant je vous le dis, quand bien même vous deviendriez un poisson qui nage aux profondeurs de l'océan, quand bien même vous vous changeriez en une étoile cachée au plus haut du ciel, mon père vous en tirerait pour venger sur vous ma mort. Car mon père est Roustem le Pehliva, et il apprendra que Souhrab son fils est mort en le cherchant."
Quand Roustem entendit ses mots son épée tomba de sa main. La terre s'assombrit devant ses yeux, et il s'écroula sans vie à côté de son fils. Mais au bout d'un moment il revint à lui. Alors il dit à Souhrab:
-" Avez-vous un signe de Roustem afin que je puisse reconnaître que les paroles que vous dites sont vraies? Car je suis Roustem l'infortuné, que mon nom soit à jamais rayé des listes humaines!"
Souhrab l'entendit, et sa douleur fut immense.
-"Si vous êtes réellement mon père s'écria t'il, vous avez donc souillé votre épée dans le sang de votre fils! Et c'est là l'effet de votre obstination. Car j'ai essayé de vous inspirer de l'amour et je vous ai supplié de me dire votre nom. Mais j'ai fait appel en vain à votre coeur, et maintenant il n'est plus temps pour nous d'être réunis. Cependant , ouvrez mon armure et regardez le bijou que j'ai à mon bras. C'est un onyx qui a été donné par mon père comme signe auquel il me reconnaîtrait."
Extrait d'un conte persan que j'aime beaucoup. Issu du livre "Mythes et légendes" paru aux éditions des deux coqs d'or. J'ai reçu ce livre en cadeau à l'âge de 11 ans et il ne m'a pas quitté depuis plus de trente ans.
Ce conte n'a pas de "happy end" comme beaucoup de contes "modernes", pas de "ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants" (encore heureux puisqu'il s'agit d'un père et de son fils!!). Ici les héros meurent en héros de tragédie. Souhrab est trahi par l'un de ses proches qui ne lui révèle jamais le nom de l'homme qu'il combat trois jours durant. Il y a aussi deux portraits de femme fameux. Tahmineh, l'épouse de Roustem, qui décide de se présenter sans voile au héros qu'elle a choisit d'épouser. Et surtout Gourdafrid, l'impétueuse cavalière "habituée à la selle", l'indomptable princesse qui résista en combat singulier à Souhrab. Par une ruse bien féminine, elle le roulera et il quittera le pays furieux en se jurant de revenir la vaincre. Il n'en aura pas le temps...
Photo Angelica
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Arrêtes de courir, tu ne fais que tomber,
De Charybde en scillant, sur tes larmes épicées
Arrêtes, fou d’amour, de vouloir m’attraper
J’ai mal aux genoux, à te faire des croche-pieds.
Tu ressembles à un enfant, au matin de Noël
Et tes yeux, comme ton sourire, brillent tout pareil
Quand on murmure velours, et soie et dentelles
Mais les « Je t’aime » toujours ont des matins cruels.
Moi, toute petite, erratique, je tremble et j’effroi
Tu sais bien, tu sais tout, tu as compris déjà
Mes ténèbres, mes éthers, et mon rêve troubadour,
Tu me vois si clairement dans tous mes contre-jours,
Qu’enfin doux est le repos en mon cœur appuyé
Au tien, comme à un chêne auquel je me serais confiée...
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Ch.Vic Avril 2006
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Premier sonnet. A Toi cher à mon coeur...
Au cabaret des ombres douces
J'ai pris ta main comme un serpent
Elle se lovait en lumière rousse
Et sinuait de doigts coupants
*
Au cabaret des ombres douces
Ongles tendus rouge carmin
Comme un serpent j'ai pris ta main
Bague serment cerclant le pouce
*
Au cabaret des ombres douces
Tu m'a griffé en deux secousses
Le coeur, la peau et puis la main,
Serpent de doigts rouge carmin.
*
Et maintenant le sang satin
Coule de ma main qui éclabousse
Ta dentelle noire de lutin
Au cabaret des ombres douces.
...en vérifiant les mots-clés de la Barquette, j'ai vu qu'un visiteur (teuse?) était arrivé ici par "poéme sur les geisha". J'ai pensé à ce tout petit texte écrit il y a bien longtemps, pas très abouti malgré sa double-rime. Mais pas laid quand même.
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Oh ta nuque pâle, ta tête inclinée,
Grâce de vestale lorsque tu sers le thé.
Ta nuque d’opale sur laquelle s’est posé
Un délicat pétale, de fleur de cerisier
Sa blancheur végétale ne sera jamais
Que charbon sale, sur la neige jeté
A ton cou lilial, rien ne se peut comparer.
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Théo 2003
Ils entrent.
Et l’odeur est comme un uppercut qui les cueille à l’angle de la mâchoire, de son indicible violence. Pendant une seconde, ils sont sonnés, hésitants, incrédules. Puis, presque en se jouant, l’odeur les rattrape, s’insinue aux naseaux. Alors la fuite les saisit à son tour, sauvagement, aux tripes, et plus profondément encore, à l’instinct. Elle les envahit et les possédant tout entiers, les rends fous. Ils ruent, renâclent, se débattent, se cabrent, leur chair se rebelle dans chacun de ses atomes terrifiés et leurs yeux roulent déments dans leurs orbites immenses. L’odeur. Ils la sentent pour la première fois, mais ils savent. Ils savent.
Notre troupeau naïf entre.
Et l’odeur. L’odeur. L’expiration chaude, humide, douceâtre, presque sensuelle, de la Mort. Ses moiteurs intimement mêlées, d’hémoglobine, de tripaille bleue répandue partout, contenue en containers, de sueur et de peur. Hammam morbide et effarant. La gueule de la Mort est carrelée d’un blanc chirurgical, en milliers de dents étincelantes, du sol au plafond. Ici, c’est un lieu extrême, un lieu de nudité, où se livre le combat éperdu perdu d’avance de la Vie contre la Mort. Ultime bataille, baroud d'horreur. La Vie qui finit toujours par gicler, au propre comme au figuré, beau rouge profond sur les dents céramiques.
Je suis entrée aussi.
L’odeur. Viole ma bouche, compisse ma langue, puis force ma gorge comme un sexe immonde impossible à avaler. Je déglutis douloureusement. Les ailes de mon nez battent désespèrement, papillon prisonnier de cette toile glauque. Mon diaphragme s’arc-boute, danse une gigue hystérique, je grince des dents à trop les serrer pour ne pas dégueuler ce qui est entré en moi. Apnée. Les veines de mon cou palpitent à lézarder ma peau, tandis que mon sang roulant l’effroi tabasse mon organe moteur. L’odeur me pénètre toujours, entièrement, totalement, par tous les orifices, tous les pores, me possèdant jusqu’à l’écoeurement. Je sens la fuite dans un seul frisson m’envahir, m’attraper par les boyaux rétractés. Et ma Raison qui d’un coup, voudrait s’émanciper, écartèle mes yeux de dégoût écarquillés.
Voilà l’homme au trocart. Quel est le nom de son métier ? Bourreau ? Assassin ? Non, juste boucher. Il pose le canon du pistolet sur le front de la bête, une détonation, une seule. La tige d’acier perfore le crâne. Mort instantanée. Il ne regarde jamais leurs yeux, sinon il ne pourrait pas les tuer qu’il dit. « Vidange » sous nos yeux hallucinés d’un boeuf qui ne joue pas au « cochon pendu ». Le sang chaud, tout ce sang, tellement de sang, jaillissant à gros bouillons de la jugulaire tranchée. Là, un autre fendu en deux à la tronçonneuse. Faible chair sous la morsure du métal. Partout, tout autour de nous, la chair devenue viande.
Je ne me suis pas enfuie. Je suis restée, dégoulinante de nausée, mais je suis restée. Les jambes en coton froissé, mais je suis restée. Parce qu’il fallait que je regarde. Tout. Jusqu’au bout. Comme un devoir de savoir, le dantesque des abattoirs…
"Je viens d'inventer le stylo qui n'écrit pas, pour les auteurs qui n'ont pas d'idées!"
Geluck
J'en ai acheté un: ça marche! :)
"Ce livre, daté de 1997, est une fiction écrite à partir d'une documentation considérable, ce qui lui vaudrait la qualification de "roman historique". Il est devenu une référence de l'univers des "Geishas" qui peu à peu disparaît de ce Japon qui, depuis le milieu du XIX ème s., a choisi la modernité occidentale pour modèle de société. Il a d'ailleurs réussi son pari, pour le meilleur et pour le pire..."
J'ai d'abord lu ce livre. Si au début il m'a emballé, j'ai radicalement changé d'opinion à son sujet. Pour commencer je ne suis absolument pas d'accord avec la description ci-dessus. Si chez nous le roman d'Arthur Golden s'appelle "Geisha" , il est sorti dans les pays anglo-saxons sous le titre de "Memoirs of a geisha". Or rien n'est plus faux que ce titre de "mémoires". Ce livre est une fiction, basée de loin sur des faits réels. Ce que je lui reproche c'est d'avoir voulu faire du sensationnel, d'avoir joué sur le fantasme récurrent concernant les geisha et qui est typiquement occidental. Je veux parler du fameux "mizuage". Il a transposé un fait avéré chez les courtisanes des quartiers de plaisir à celui très strict des geisha, la virginité des maiko n'est pas "mise en vente". Il faut savoir que le livre "Geisha" a provoqué la colère de tout un peuple, et qu'il est considéré au Japon même comme "vulgaire". Les okiya ne sont pas des hôtels de passe et pas un homme, hormis l'habilleur officiel, n'est autorisé à y pénetrer. Mineko Iwasaki raconte que son propre père ne pouvait pas aller plus loin que la salle où étaient reçu tous les visiteurs.
Qui est Mineko Iwasaki? Elle est probablement la dernière grande geiko de Gion-Kobu, le quartier des geisha de Kyoto. C'est une artiste accomplie dans le domaine de la danse. Elle a été formée dès son plus jeune âge (6 ans) à la prestigieuse mais très dure école Inoue. Elle est considéré par les Japonais comme "trésor national" , titre reconnu aux plus grands artistes de ce pays, peintres, poétes, etc. De plus, c'est elle qui a servi de "correctrice" à Arthur Golden pour son livre. Bien qu'il disposa d'une considérable documentation, celle-ci n'était issue que du ouï-dire, il lui fallait le témoignage direct d'une véritable geisha. Sous couvert d'un anonymat complet, car il est interdit formellement aux geisha de parler de leur éducation et du "système" qui régit le quartier des geisha, Mineko Iwasaki apporta son aide à Arthur Golden. Celui-ci pourtant ne se gêna pas de mentionner son nom dans les remerciements de son bouquin! Ce fut le tollé au Japon. Et Mineko reçut même des menaces de mort. Sans le vouloir elle avait apporté le prestige de son nom a une oeuvre mensongère, dont l'auteur avait volontairement falsifier certains événements. On peut comprendre que le "mizuage" qui est le rituel de l'abandon de l'enfance, qui se borne à quelques cérémonies et changement de col (du rouge au blanc) et de coiffure, n'ait pas paru très "croustillant" aux éditeurs américains du roman. Il n'y avait pas assez de sexe dans ce monde de geisha pour que le roman soit "vendeur", alors Arthur Golden n'a pas hésité à trahir celle qui l'avait aidé. Aujourd'hui Mineko Iwasaki et Arthur Golden sont en procès. Les préjugés ont la vie dure, et dans bien des articles on peut encore lire que les geisha sont des sortes de call-girls de luxe. Or comme le dit Mineko, quand on gagne 500 000 euros par an, est-il bien nécessaire de se livrer à la prostitution?
Si vous souhaitez vous faire une opinion fiable sur la vie réelle, et non pas fantasmée, des geisha, lisez le livre de Mineko Iwasaki. Vous comprendrez alors qu'en ne restant que quelques minutes dans chaque banquet où elle était invitée pour distraire les clients, il lui aurait été bien difficile de se prostituer!
Extrait:"Un des à-priori que l'on a sur le karyukai(le quartier des geiko), c'est qu'il s'adresse uniquement aux hommes. C'est tout ce qu'il y a de plus faux. Les femmes commanditent aussi des ozashiki (des banquets) et figurent souvent parmi les convives. S'il est néanmoins vrai que la plupart des clients sont des hommes, ils viennent souvent en famille. Je me suis produite devant des femmes et des enfants, en particulier au moment du festival du Miyako Odori. J'étais aussi fréquemment invitée dans leur foyer pour le Nouvel An. D'autre part un homme pouvait très bien présider un banquet très ennuyeux pour ses affaires, pendant que son épouse et ses amies riaient aux éclats dans la pièce voisine. Lorsque j'en avais terminé de divertir ces messieurs, je me glissais alors joyeusement chez les dames!"
*
Posé sur tes lèvres en tremblante effusion
Le mot qui n’ose pas chuchote la passion
Et il crie en silence de peur de t’effrayer
Il court sur ta peau en effluves nacrées
*
Va, souffle et ne dis pas ,respire la fusion
Du silence au silence dans la braise sacrée,
Oublie l'interdit, les pieuses condamnations
Ose un pas de danse sur de nouveaux sentiers.
*
Ouvrir les bras, fermer les yeux, toucher la peau
Pour donner à la fleur de tes lèvres fermées
Un baiser rond et précieux comme un sceau
Poésie de ma langue à ta bouche parfumée.
*
Théo et Lio, 2005