L'Aveu Tranquille
Photo "Zonar"
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J’aurais passé ma vie, à traverser les vôtres
En m’excusant tout le temps, d’avoir dérangé,
D’avoir claqué les portes, des jours amidonnés.
Ils étaient si nombreux, mes faiseurs de poèmes
Ceux qui m’ont écrit, de rutilants « Je t’aime »
Quand j’osais espérer après m’être éloignée,
Entendre simplement, leur cœur soupirer,
Dans un aveu tranquille: «Comme tu m’as manqué ».
J’aurais passé ma vie, à plier mes chimères
En angles origamis pour capter la lumière
Remisant l’essentiel, dans de grands tiroirs gris,
A doucement rêver, mes rêves indigents
L’échine ployée en deux, de tant de dénuement,
Alors que ma passion vibrait, aux courbes coronaires
Brûlant tout le bois tendre, de mon peu de sagesse,
Pulsant mon cœur, ma tête, à les faire exploser.
J’aurais passé ma vie, de fuites en défaites
L’âme hésitante, complétement fracturée,
D’éclairs fuligineux, et d’oeils de tempêtes
Mais aussi d’élans d’amour, à tout incendier.
Je me serais nourrie de fantasmes honnêtes
Furieusement volés aux arbres du péché
Et ton corps et mon corps ne seront à la fête
Puisque seules nos illusions, ont appris à s’aimer.
J’aurais passé ma vie, sauvagement sincère
A gueuler mon amour, à trop de gens pressés
Qui voulaient rester sourds, car n’en sachant que faire,
Jetant mes mots de miel aux ronces des oublis.
Je me suis gaspillée, jetée par les fenêtres,
Ouvert le bleu des veines, pour que coule mal-être.
Car mon drame secret, c’est d’être juste passante
Juste au coin du miroir, le reflet du reflet
Quand je meurs de n’être, accueillie en infante
A la cène des tendres, aveugles patentés.
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ChVic 2006