au fil des aiguilles retenu
*
Pendant que je compte les heures
Au fil des aiguilles retenu
Prison en cadran de douleur
Qui me laissera seul et nu,
*
Pendant que le temps se déchire
En triste lambeau de tendresse
Je bois le vin des souvenirs
Et la douceur de nos ivresses.
*
Cherchant la rime pour te dire
Qu'au delà de tous les voyages
Bien plus loin que les paysages
De nos silences sans caresses,
*
Tu restes la femme capiteuse
La rose rouge de ma vie
Mon errance ma ténébreuse
Mon idéal inassouvi.
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Pendant que je chasse la peur
De ces aiguilles plantées au coeur
Tu sais les mains se font mirages
Et la nuit tremble sur le drap.
*
Elles te dégraffent en corsage
Allumant les feux de l'aria
Et rient à ton front de message,
L'Hermes accompagne nos doigts.
*
Pendant que l'heure des nuits de veille
Assomme l'homme dans sa couche
Mon sexe est dur comme une treille
Au raisin mûr pour ta bouche,
*
Mes jambes allongent les deux rives
Comme un pont de chair à passer
Et mes deux bras à la dérive
Enlace le parfum du secret.
*
Ton ventre que la soie soulève
En capitaine de voiles bleues
Accroche les rythmes de mes rêves
Dans l'haleine des mots dansés.
*
Nous voilà au bord d'un aveux
Brisant les montres et les regrets,
Mais dans un baiser vaporeux
Je te serre et tu disparaïs...
*
Reste un parfum de solitude
Des mains cherchant un corps aimé
Qui brassent d'absurdes latitudes
Sur des draps froids et consummés,
*
Des mots d'amour perdus en route
Des larmes de sel en déroutes
Et les cris de ma voix rouée
Dans ces plaisirs innavoués.
*
Combien de jours et combien d'heures
Suspendu aux aiguilles de fer
A regarder le temps qui passe
A perdre l'âme dans nos enfers?
*
J'ai mérité un peu d'étrave
Une mer belle qui fait l'affaire
D'un homme perdu en guerres lasses
Et fatigué de ses naufrages.
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Pendant que je compte mes heures Au fil des aiguilles retenu Prison en cadran de douleur Qui me laissera seul et nu...
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J'invente un monde pour survivre A la méchanceté de ce temps Où il faudrait pour faire un livre Rayer la page , dire "au suivant"... * Mais je t'embrasse mon amoureuse Et raconte ma vie au vent Cherchant des yeux l'ïle rieuse Des amants d'éternels printemps.